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La presse francophone au Mexique: signes de globalisation

A imprensa francófona no México: sinais da globalização

RÉSUMÉ

Cet article essai de suivre un cas spécifique de l’expansion de l’édition europeènne en direction à l’Amérique : des rapports éditoriaux établis entre la France et le Mexique durant le XIXe siècle si bien, à propos de ce sujet, je traits seulement quelques chapitres d’une histoire culturelle à mi-chemin entre l’histoire du libre et l’histoire de la presse, en suivant des cas paradigmatiques, de figures de libraires et de journalistes qui ont exercé leurs activités entre deux continents. Il faut dire que l’intérvention des libraires français au Mexique au XIXe siècle continue à être mal connue, autant en France que dans ce país. De L’Universel en 1837, Laurence Coudart rapporta 24 périodiques qui ont été ouverts entre 1867 et 1883. Comme un cas paradigmatique, cet article va suivre au journaliste René Masson qui publie un journal à New York, le Francoaméricain, de 1844 à 1848. Il décide alors d’aller à Mexico et lancer Le Trait d’Union en 1849 et publié jusqu’à 1896 avec des interruptions surtout dues à la situation politique du pays.

Mots-clés
Presse francophone; Mexique; XIXe siècle; Globalisation éditoriale; Le Trait d’Union; René Masson

RESUMO

Este artigo tenta seguir um caso específico de expansão da edição europeia em direção à América: relatórios editoriais estabelecidos entre a França e o México durante o século XIX, sobre este assunto, traço somente alguns capítulos de uma história cultural a meio caminho entre a história do livro e a história da imprensa, seguindo casos paradigmáticos como figuras de livreiros e jornalistas que exerceram suas atividades entre os dois continentes. É preciso dizer que a intervenção de livreiros franceses no México no século XIX segue mal conhecida tanto na França como nesse país. Do L’Universel em 1837, Laurence Coudart relatou que 24 periódicos foram fundados entre 1867 e 1883. Como um caso paradigmático, este artigo vai seguir o jornalista René Masson que publica um jornal em New York, o Francoaméricain, de 1844 a 1848. Ele decide então ir ao México e lançar Le Trait d’Union em 1849 publicando até 1896 com interrupções, sobretudo por causa da situação política do país.

Palavras-chave
Imprensa francófona; México; Século XIX; Globalização editorial; Le Trait d’Union; René Masson

Lorsque nous nous penchons sur l’édition durant le XIXe siècle comme une manifestation ponctuelle et concrète de la globalisation, il faut commencer par tenir compte du développement technique atteint par l’imprimerie en Europe. Le volume de production était tel qu’il fallait trouver de nouveaux marchés et faire en sorte que les produits imprimés arrivent aux confins du monde. Comme dans tous les processus industriels, les règles de la concurrence jouent et établissent les conditions des relations entre les libraires européens et ceux d’autres régions.

La production des grands centres, comme Paris, Londres et Leipzig, s’est imposée d’emblée à l’attention du monde. Dans la première moitié du XIXe siècle, la puissance et le rayonnement des éditeurs des grandes capitales ont été limités par le relatif cloisonnement des marchés, le coût des transports et du papier, alors que les œuvres, elles, circulaient librement hors des frontières, grâce notamment à la contrefaçon qui prenait le relais d’un système de diffusion encore peu développe sur le plan international. (…) En Inde, aux États-Unis, au Québec, on reproduisait sans autorisation les ouvrages britanniques et français et, au Canada anglais, on contrefaisait les contrefacteurs eux-mêmes en lançant des éditions canadiennes des succès américains. Si les contrefaçons retardaient l’épanouissement des littératures nationales, elles favorisaient par contre les industries locales et contribuaient au développement des réseaux de distribution. Ces industries, d’abord soumises aux modèles importés, s’alimentaient de la production des trois grands centres européens dont elles assuraient ainsi le rayonnement.1 1 Jacques Michon, « Introduction », Les mutations du livre et de l’édition dans le monde du XVIIIe siècle à l’an 2000, Québec, Presses de l’Université Laval/ L’Harmattan, 2001, p. 12. (Actes du Colloque international Sherbrooke 2000).

On peut voir que, de l’Asie au nord de l’Amérique, en passant certainement par les colonies anglaises et françaises, les processus de globalisation ou mondialisation sont en marche. Étant donné que la mondialisation éditoriale est un sujet trop vaste, cet article porte sur un cas spécifique de l’expansion de l’édition européenne en Amérique : des rapports éditoriaux ont été établis entre la France et le Mexique durant le XIXe siècle. Je n’ai étudié que quelques chapitres d’une histoire culturelle à mi-chemin entre l’histoire du livre et l’histoire de la presse, en suivant des cas paradigmatiques, de figures de libraires et de journalistes qui ont exercé leurs activités entre les deux continents.

Cet article est aussi d’une certaine manière une réponse à l’appel lancé en 2013 par le Réseau Transnational pour l’étude de la presse en langues étrangères (Transfopress) :

Les organes de presse paraissant dans une langue autre que la ou les langues nationales constituent un phénomène international à la fois important, ancien, mais toujours d’actualité, que quelques exemples permettent d’illustrer. À Londres, puis à Saint-Hélier sur l’île de Jersey, entre 1853 et 1856, L’Homme, Journal de la démocratie universelle, dirigé par Charles Ribeyrolles, s’adresse aux exilés du coup d’État du 2 décembre 1851. Au même moment en France, les Galignani, éditeurs anglo-parisiens, diffusent leur quotidien en anglais, célèbre dans le monde entier, Galignani’s Messenger (1814-1890). Ailleurs, des périodiques en langues étrangères voient également le jour, certains naissent dans des communautés d’immigrés, comme La Estrella de Chile (1891) à Paris, d’autres se veulent des organes de communication transatlantique, tel El Correo de ultramar (184-886), également publié dans la Ville Lumière pour le marché hispano-américain. (…) Ces publications sont, pour la plupart, les « oubliés » de l’histoire mondiale de la presse.2 2 « Appel. Réseau transnational pour l’étude de la presse em langues étrangères (XVIII° - XX° siècle) » Diana Cooper-Richet, Michel Rapoport, Centre d’Histoire Culturelle des Sociétés Contemporaines de l’Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines. http://www.chcsc.uvsq.fr/centre-d-histoire-culturelle-des-societes-contemporaines/langue-fr/les-relations-internationales/transfopress-264981.kjsp. Consulté le 18 avril 2019.

Il faut dire que l’intervention des libraires français au Mexique au XIXe siècle continue à être mal connue, autant en France qu’au Mexique. Toutefois, l’objectif ici n’est pas de donner un aperçu de l’histoire de la presse francophone au Mexique, et non plus de donner un panorama du développement des journaux en langue française publiés à Mexico. D’abord, en ce qui concerne le commerce du livre, son suivi permet de mettre en évidence l’arrivée au Mexique de publications périodiques en langue française dès les années 1820, au moment où commence à se développer la présence de libraires français au Mexique, laquelle va se poursuivre tout au long de ce siècle. Bien sûr, il y a eu des antécédents.

Le Mexique et la France possédaient deux systèmes d’impression différents. Mais, malgré tout, l’imprimerie, les livres et les lois en la matière correspondaient encore au modèle européen à la fin de l’époque du « Virreinato », au moment où la domination coloniale fut secouée, en 1808, par l’occupation de l’Espagne par les troupes napoléoniennes. Ce fait a précipité et encouragé les mouvements d’indépendance dans les vastes territoires conquis qui ont enfin osé défier les institutions espagnoles.

Dans cet article, nous considérons essentielle l’origine européenne du livre diffusé sur les deux rives de l’océan Atlantique : cela explique le fait que, tout au long du XIXe siècle, au Mexique, comme dans toutes les nations de la région, une fois conquise l’indépendance politique, l’impression de livres se fait sur place et concurrence les éditions venues d’Europe, pas seulement celles provenant de l’Espagne, mais aussi, et surtout, celles provenant de France.

L’édition en France et au Mexique, des liens progressivement établis

À quel moment trouve-t-on les toutes premières publications périodiques en langue française à Mexico ? Il peut s’avérer surprenant que, presque au lendemain de l’indépendance, ce type d’œuvres figurent parmi les premières proposées par un professionnel de l’édition ayant décidé de s’installer dans la capitale de la nouvelle nation, le Mexique. Il s’agit, en effet, de deux cas d’éditions en provenance de Paris. D’abord, le Catalogo de la Librería de Bossange (Padre) Antoran y Cia., Mexique 1825, annoncé dans la section des « libros franceses » :

Journal des Mines, ou Recueil de mémoires sur l’exploitation des mines, et sur les sciences et les arts qui s’y rapportent, par MM. Coquebert-Mombret, Hairy, Vanquelin, Gillet-Lhomont, Buittel, Héron de Villefosse, Brochant, de Bonnare et Tremery. Paris, 1796 à 1815 : la collection complète, dix-neuf années, formant 38 vol. in-8, reliés en 10 vol.3 3 Catalogo de la Librería de Bossange (Padre) Antoran y Cia., Mégico 1825, p. 33. Bibliothèque nationale de France (BNF m.21429 / 8º Q10.B).

Ensuite, les Exportations de la librairie française, dont les registres se trouvent dans les Archives Nationales [série F18 (I) 118 à 128] et qui enregistrent les envois de livres à l’étranger mais seulement durant un peu plus de trois ans, de juillet 1824 à novembre 1827. Cette source montre que, le mois d’avril 1825, soit en un seul mois, Bossange a fait 55 livraisons pour un total de 3.200 kilos à destination du Mexique. Parmi les ouvrages français cités, on trouve « plusieurs années du Moniteur ». Il s’agit probablement de Le Moniteur universel, organe officiel du gouvernement, quotidien apparu à Paris à partir de 1811.4 4 Le Moniteur universel. Bibliothèque nationale de France, <http://www.bnf.data.fr>.

Il ne s’agit pas d’un effort isolé de s’approcher d’un nouveau public, si on prend en compte qu’en octobre 1825, a été enregistré un envoi de ce libraire que l’on décrit ainsi : « Revue britannique (celle de Bossange en espagnol) ». Il s’agit très probablement de El Repertorio americano auquel a participé Andrés Bello. Une édition du même libraire français, qui s’était d’abord établi à Londres.

Quelles ont été les stratégies suivies par les professionnels de l’édition française afin de distribuer leur production en Amérique, et particulièrement au Mexique ? J’ai essayé de trouver des liens entre la production aussi bien des livres que des publications périodiques, en prenant en compte une acception large du terme « presse ». Un exemple est l’existence de deux personnages avec le même nom, les deux liés au monde de l’édition au Mexique mais lors de périodes différentes. Le premier est Joseph-René Masson, né à Lyon, libraire associé de Martin Bossange, déjà libraire breveté dès le 30 mars 1820 et qui travaille associé avec son fils Victor.5 5 Jean-Dominique Mellot et Élisabeth Queval, Répertoire d’imprimeurs/libraires (vers 1500-vers 1810), Paris, Bibliothèque nationale de France, 2004, p. 390. La librairie de Masson et Fils est associée en permanence à Bossange au cours de ces années, aussi bien à Paris qu’à Londres.

Contexte historique des publications étrangères au Mexique

Les études historiques sur le Mexique décrivent le XIXe siècle essentiellement comme une période agitée. Une fois l’indépendance obtenue, des groupes nationaux se disputaient le pouvoir. Quant aux facteurs externes, la nouvelle nation a subi des invasions de la part de l’Espagne, de la France et des États-Unis. Durant cette période, les régimes conservateurs et libéraux se succèdent au pouvoir. Deux empires éphémères sont instaurés et cèdent bientôt leur place à la république centraliste dans un premier temps et, ensuite, à la république fédérale. Mais il convient d’évoquer également le processus de construction de la nation.

Il s’agit d’un pays dont la population a été isolée pendant toute la période coloniale, et dont l’activité économique et politique a été influencée par les interventions militaires étrangères successives sur son territoire après la fin de l’occupation espagnole. Je voudrais ici souligner, entre les rapports franco-mexicains, d’abord en 1838 la « Guerra de los pasteles » (la guerre des gâteaux) : militairement, la France exige le paiement des dettes.

Une présence des libraires françaises à Mexico commençait à être visible au cours de ces années, mais il est vrai aussi que quelques éditions en espagnol imprimées à Paris étaient déjà très connues des lecteurs mexicains :

(…) nous relevons trois calendriers, dont deux élaborés à l’intention des « señoritas mejicanas » par Mariano Galván, qui possède une librairie à Mexico. Tous deux sont imprimés à Paris par Éverat en 1837 et 1838, et pour le second, l’imprimeur déclara son intention d’en tirer 2.500 exemplaires. Un chiffre si important pour une pièce de ce type, somme toute futile, demontre quel enjeu économique constituait le marché hispano-américain pour les métiers du libre français.6 6 Aline Vauchelle, Les Ouvrages en langue espagnole publiés en France au temps de la première guerre carliste, 1834-1840, Aix-en-Provence, Publications de l’Université de Provence, 2003, p. 30.

Nous pouvons voir une coïncidence de dates avec l’impression de publications destinées au marché mexicain des deux côtés de l’océan. « Precoz - la primera fundación es de 1837 [L’Universel] -, esta prensa [en francés impresa en México] es muy dinámica: al menos 24 periódicos fueron fundados durante este periodo que conoce un periodo intenso de fundaciones entre 1867 y 1883. »7 7 Laurence Coudart, « Periódicos franceses de la Ciudad de México : 1837-1911 », en Javier Pérez Siller, coord., México Francia. Memoria de una sensibilidad común. Siglos XIX-XX, México, Benemérita Universidad Autónoma de Puebla / El Colegio de San Luis / Centro Francés de Estudios Mexicanos y Centroamericanos, 1998, p. 104. http://books.openedition.org/cemca/4073. La traduction est de l’auteur. [Il y a eu precocité - la première fondation est de 1837 (L’Universel) - de cette presse très dinamique: au moins 24 périodiques ont été ouverts pendant cette période qui a connu une etape intense de fondations entre 1867 et 1883.]

Dans ces conditions politiques difficiles apparaît à Mexico, trois fois par semaine, une autre publication périodique en langue française imprimée localement à l’Imprimerie de Santiago Pérez : Le Courrier du Mexique. Journal commercial, politique et littéraire, dont le premier numéro est daté du 7 juillet 1838, avec la collaboration d’Isidore Devaux.

L’activité journalistique des français au Mexique

René Masson est un journaliste né en 1817 à Mormant, en Seine-et-Marne, et mort á Mexico en 1875. Agé de 27 ans, « nous primes la résolution de parcourir le monde »,8 8 Françoise Dasques, (sélection et prologue), René Masson dans le Trait d’Union. Journal francais universel, Présentation de Thomas Calvo, México, Universidad Nacional Autónoma de México, Instituto de Investigaciones Bibliográficas, Centre Français d’Études Mexicaines et Centraméricaines, 1998, p. 36. il part aux États-Unis, où il publie un journal à New York, le Francoaméricain, de 1844 à 1848. Il décide alors d’aller à Mexico et lancer Le Trait d’Union en 1849.

En ce qui concerne les États-Unis il faut mentionner l’invasion américaine de 1847 et la perte de la partie nord du Mexique, absorbée par les États-Unis. Au milieu d’une situation d’instabilité politique et sociale, le journaliste français René Masson va lancer le troisième journal en langue française, Le Trait d’Union, qui sera publié dès 1849 jusqu’à 1896, avec des interruptions surtout dues à la situation politique du pays.

Il faut d’abord établir des statistiques sur ses lecteurs potentiels :

(…) la colonie française (…) est faible : un Registro de la población francesa en México daté du 30 avril 1849 et donc contemporain à l’apparition du Trait d’Union, comporte 1.814 noms. (…) [ce nombre est proche des 2.048 Français ayant pris des cartas de seguridad en 1856, donné par le Cuadro sinóptico de la República mexicana en 1856, formada en vista de los últimos datos oficiales y otras noticias fidedignas por Miguel Lerdo de Tejada, México, Ignacio Cumplido ed , 1856, p. 29. Selon la même source, le nombre d’Espagnols s’élevait alors à 5.141.] 9 9 Jacqueline Covo-Maurice, « Un grand journaliste français au Mexique au XIXe siècle: René Masson et Le Trait d’Union », revue Caravelle, vol. 78, nº 1, Toulouse, Presses Universitaires du Mirail, 2002, p. 109

Ensuite, en ce qui concerne les stratégies journalistiques, on peut dire d’abord que l’éditeur du Trait d’Union a manifesté une volonté de rapprocher les lecteurs du journal à la lecture des livres:

On imprime expressément pour Le Trait d’Union, à Paris une collection d’œuvres littéraires choisies qu’on nous expédiera en volumes brochés. Cette collection, très soignée, sera imprimée avec luxe, sur papier vélin, à l’aide de caractères neufs très clairs et lisibles. Chaque volume contiendra quatre volumes ordinaires. Un même ouvrage ne fera jamais plus d’un volume. Nous publierons un de ces volumes par semaine. C’est une innovation en journalisme ; le résultat nous dira si elle est heureuse, mais nous le croyons fermement. Déjà 2,000 ouvrages sont en mer pour Veracruz ; nous pourrons donc bientôt annoncer l’ouverture de la souscription, dont les conditions seront d’une modicité relativement extraordinaire.10 10 « Le Trait d’Union », Le Trait d’Union. Journal français universel, Numéro 27.- Vol. 17, Mexico, mardi 2 juin 1857, p. 1. Nous avons laissé l’orthographie originale de l’article journalistique.

Il faudra noter les crédits publiés à la fin de la page 4 du 19 juin 1857 : « Pour tous les articles sans signature, René Masson. / Rédacteur en chef, éditeur responsable, René Masson. / Imprimerie du Trait d’Union, Paseo Nuevo Numéro 1. »

L’empire : un moment culminant des rapports franco-mexicains

En prenant en compte les nouvelles conditions politiques et économiques apparues dès 1820, notre analyse va se dérouler jusqu’aux années 1860, quand les milieux conservateurs ont offert la couronne impériale à Maximilien de Habsbourg :

De 1864 à 1867, la ville de Maximilien et de Charlotte dégage un parfum européen. (…) Ainsi, durant quelques années, Mexico, comme Paris, rêva d’empire. Comme Paris, Mexico se plongea dans les fastes déjà anachroniques d’une cour dont l’éclat dissimulait mal les intrigues des milieux d’affaires et les appétits d’un capitalisme en plein essor. Pour le meilleur et pour le pire, la cité mexicaine vécut au diapason de la capitale du Second Empire.11 11 Serge Gruzinski, Histoire de Mexico, Paris, Fayard, 1996, p. 54-56.

Les éditions, les publications périodiques françaises publiées à Mexico, ont pu jouer un rôle dans ce dégagement du « parfum européen » décrit Gruzinski. Il y a eu des échanges réciproques d’un point de vue culturel, politique et économique entre des citoyens du Mexique et de la France - des politiciens, des entrepreneurs.

L’argent mexicain et les lettres françaises

Je veux mentionner ici un modèle d’enrichissement des éditeurs, des libraires, que Jean-Yves Mollier a étudié à propos du capitalisme éditoriale français dans la deuxième moitié du XIXe siècle en parlant de L’Argent et les Lettres.12 12 Jean-Yves Mollier, L’argent et les lettres. Histoire du capitalisme d’édition, 1880-1920, Paris, Fayard, 1988. Le transfert culturel peut être étudié aussi bien dans les pages imprimées que dans le modèle de conduite des entrepreneurs cherchant à obtenir du profit économique, au même temps qu’ils devinrent porte-paroles de leur communauté d’origine, dans ce cas du peuple française.

Pour donner un exemple lié au Trait d’Union, qui a été un modèle pour la presse en langue française au Mexique, la proximité avec les élites est une des stratégies suivies par les éditeurs étrangers, que ce soit les libraires ou les journalistes : Masson était considéré comme un libéral progressiste proche d’un homme politique puissant, Miguel Lerdo de Tejada.

Bien sûr, nous pouvons intégrer ici les contributions de la recherche sur ce type de publications et sur ce personnage, les libraires et les journalistes actifs durant ces années au Mexique. Coudart souligne :

Les libraires et les journalistes fréquentent plusieurs associations pour délibérer avec des marchands, des industriels et des financiers français, comme dans les cas d’Ernest Pugibet, ou bien de quelques-uns des très puissants barcelonnettes come Léon Signoret ou les frères Tron. (Ernest Pugibet, qui a fondé la fabrique de cigarettes « El Buen Tono » (1875) et entrepreneur avec A. Génin y H. Tron) (…) Enfin, le monde de la presse française à Mexico, en réalité très réduit - les corps de rédacteurs des diverses journaux sont fréquemment interchangeables, ainsi comme les fondateurs -, il est inséparable du groupe de marchands et des financiers de la colonie française et, sans doute, il est très proche de son élite ; aussi proche en réalité que la vraie question est de savoir laquelle est complémentaire de l’autre.13 13 Libreros y periodistas frecuentan varias asociaciones donde deliberan con comerciantes, industriales y financieros franceses, como son los casos de Ernesto Pugibet, o de algunos de los poderosos barcelonnettes como Léon Signoret o los hermanos Tron. (Ernest Pugibet fundador de la fábrica de cigarros « El Buen Tono » (1875) y promotor con A. Génin y H. Tron) (…) En fin, el mundo de la prensa francesa en México, que en realidad es muy reducido - los cuerpos de redacción de los diversos periódicos son muchas veces intercambiables, así como los fundadores - , es inseparable del grupo de comerciantes y financieros de la colonia francesa y, sin duda alguna, está estrechamente ligado a su élite; tanto en realidad, que la pregunta es saber quién complementa a quién. Coudart, Op. Cit., p. 117. La traduction est de l’auteur.

Françoise Dasques donne des informations précises sur les diverses ressources employées par Masson en quête de profits économiques :

D’où le rachat des propriétés de l’Église qui participe de ces correspondances réglées. Masson, qui s’est inlassablement fait l’avocat des lois Lerdo, prend part le moment venu à l’acquisition de biens désamortis et s’en justifie sans embarras. Il achètera plusieurs maisons, trois au moins, comme beaucoup de ses amis français, purs et moins purs. (…) Des fonds officiels ou occultes ont certainement maintenu à flot le Trait d’Union aux moments difficiles, peut-être même régulièrement (…). Les journalistes, et là on peut en accroire les indicateurs de [Alexis de] Gabriac, sont en première ligne des alliances, des médiations, des négoces. Après Masson, Charles de Barrés, Alfred Bablot… sont vus sortir des officines politiques et consulaires. Dans les années 1870, Masson tombe comme une femme sous le charme du capitaliste yankee Edward Lee Plumb, venu à Mexico négocier un projet ferroviaire. Plumb donne un Banquet de la presse auquel assiste le journal français, qui en fera dans ses colonnes un compte rendu enflammé. Par la suite, le Trait produira à un rythme soutenu (série technique passionnante) des articles sur la concession ferroviaire, qui vantent les options de Plumb et descendent son concurrent, le général Rosecranz, un ancien associé de Masson. (…) Les diplomates en poste s’acharneront sur Masson, entrevu depuis leur correspondance comme redoutablement subversif - ce qui atteste des mystifications entretenues. L’acharnement sera réel : enlèvements de nuit, humiliations, prisons (Santiago Tlatelolco, San Juan de Ulúa), exil, maladie…14 14 Dasques, Op. Cit., p. 47-50.

J’ai déjà insisté précédemment sur la méthode que consiste à essayer de trouver, entre les activités de l’édition française au Mexique, des connexions possibles entre l´édition des livres avec la publication de journaux en langue française, activité dans laquelle René Masson occupe une place importante. Coudart dit que :

(…) les libraires français à Mexico ont parfois dirigé des « cabinets de lecture », et quelques-uns ont aussi publié des almanachs. Ils sont une sorte d’intermédiaires jouant le rôle de médiateurs entre les journaux et leurs lecteurs, aussi bien sur le territoire mexicain qu’en France. Ces libraires ont été étroitement liés à la production éditoriale mexicaine mais également aux étrangers résidant au Mexique.15 15 (...) los libreros franceses de la ciudad de México a veces dirigen « salones de lectura », y algunos de ellos publican también almanaques. Intermediarios entre los periódicos y los lectores, tanto en el territorio mexicano como en Francia, esos libreros también están estrechamente ligados a la producción editorial mexicana o a los extranjeros radicados en México. Coudart, Op. Cit., p. 115. La traduction est de l’auteur.

Nous pouvons suivre cette participation avec ce qui montrent deux almanachs: El Directorio del comercio del Imperio Mexicano para el año de 1867, publicado por Eugenio Maillefert,16 16 Directorio del comercio del Imperio Mexicano para el año de 1867, publicado por Eugenio Maillefert, segundo año, México, E. Maillefert, Calle de Tiburcio, 2. París, Firmin Marchand, 26, Rue Richer. En su antepenúltima página impresa, sin numerar: « Paris. - Typ. Hispano-Americana. Rouge frères, Dumont et Fresné, calle de Four-St.-Germain, 43 ». En su última página : « IMPORTANTE Con ventajas inmensas la casa FIRMIN MARCHAND se ocupará, desde 1.º de Enero de 1867, de la venta de toda clase de libros españoles. En relación directa con las mejores casas de España y Francia, podemos ofrecer una economía en los precios desconocidos hasta ahora, como también elegancia en las encuadernaciones y actividad en los envios. (…) … nuestro surtido se compondrá de Obras de educacion, científicas, Diccionarios para todos los idiomas; Economia política, Jurisprudencia y Legislacion, Derecho; obras de Medicina, Alopática y Homeopática, Cirugía, Anatomía, Fisiolojía y Farmacia; Física y Química. - Surtido completo de obras de Recreo, Novelas, Literatura y Poesías; obras de Artes; Religion y Moral; Historia, Arquitectura, Bellas Artes y Mecánica. - Libros de lujo para premios; Devocionarios y Semana Santa, con encuadernación al alcance de todas las fortunas. Todas las obras que anuncie la casa serán de lo mas moderno. Repetimos que el catálogo lo enviaremos gratis al punto que se nos indique. » ainsi que du Almanaque Bouret para el año 1897, « formado bajo la dirección de Raúl Millé y Alberto Leduc ».17 17 Almanaque Bouret para el año 1897. Formado bajo la dirección de Raúl Millé y Alberto Leduc, Librería de la Vda. De C. Bouret, 14, Cinco de Mayo, 14, México. En su página 338: « París, Imprenta de la Vª de Ch. Bouret. »

Le journal, un système de communication

Un panorama de la presse en langue française publiée à Mexico pendant cette période ne serait pas complet sans une première approche de la lecture et de l’organisation d’une publication qui a joué un rôle important comme Le Trait d’Union, le « journal français universel ». De quelle façon retrouve-t-on dans les quatre pages de chaque exemplaire les principes d’organisation propres à sa rédaction ?

En considérant cette édition comme un réseau de communication, le suivi des informations parues dans le journal en juin 1857 permet de montrer des liens établis à l’intérieur comme à l’extérieur du pays. Prenons ces trois citations comme exemple :

  1. « Nous avons reçu, par Acapulco, des journaux de Panama jusqu’au 1er juin. » (Trait, 15/6/1857, 145, p. 1) Nous pouvons voir ici un décalage de deux semaines entre la réception des journaux importés et la publication de ces nouvelles.

  2. « Le Panama Star and Hérald a inclus un texte publié par le Picayune de la Nouvelle - Orléans ». (Trait, 16/6/1857, 151, p. 3) Panama est une des routes principales pour l’échange de nouvelles : à la même date, Masson indique que « par la voie de Panamá » il a reçu des nouvelles de Lima, Pérou, du 12 mai.

  3. « Nous espérions apprendre hier, l’entrée du Texas dans le port de Veracruz (…) devra nous apporter des avis d’Europe jusqu’à la fin de mai; c’est-à-dire des nouvelles de tout un mois ». (Trait, 19/6/1857, 161, p. 1)

En ce qui concerne la distribution des thèmes abordés, Le Trait d’Union publie des nouvelles tout au long des trois premières pages, dans les deux tiers supérieurs, que l’éditeur considère comme un espace continu - à quatre colonnes, sans un ordre visible - pour faire apparaître les rubriques « Bulletin, Faits divers mexicains, Nouvelles diverses européennes ».

Le tiers inférieur de chacune des trois premières pages est occupé par « Le feuilleton du Trait d’Union » : Les chauffers d’Élie Berthet. Il s’agit d’une des principales contributions du modèle journalistique français puisqu’il a été adopté par les éditeurs français à Mexico, visible aussi dans les journaux mexicains en langue espagnole de l’époque.

Dans ce journal, les annonces vont apparaître dans la page 4. Il s’agit chaque jour presque des mêmes, leur place change tout en gardant une mise-en-page très similaire jour après jour : il s’agit de la promotion de produits fabriqués en France, ou bien de services garantis par des professionnels français, en quête de conquête de nouveaux marchés en Amérique ou bien, dans ce cas précis, au Mexique, avec une offre de logement, restauration, marchandises variées, nourriture, services et transport.

Entre cette variété de marchandises, il faut souligner une nouvelle fois le rapport entre l’édition des livres et des journaux en français. Le Trait d’Union annonce en juin 1857 « les nouvelles publications parisiennes » du Cabinet de Lecture d’Isidore Devaux. Espagnol-Français-Anglais. Calle segunda de San Francisco Numéro 4.

Deux décennies de forte activité journalistique

Pour conclure sur les rapports établis entre libraires et journalistes en langue française, il faut rappeler que Devaux était déjà en 1838 un des journalistes du premier Courrier du Mexique. Au cours des années 1860 est aussi apparue la « Agencia General de Prensa periódica de Dos Mundos » [Agence Générale de la Presse périodique des Deux Mondes].18 18 Coudart, Op. Cit., p. 116. Si bien des journaux, comme Le Trait d’Union, ont directement utilisé les services de ce type d’agences pour obtenir des souscriptions et pour la diffusion d’annonces, on trouve également des maisons d’édition parmi la clientèle habituelle de ces agences.

Par exemple, la Librairie de Rosa et Bouret, fondée au milieu du XIXe siècle, a occupé un rôle central dans les souscriptions de La Tribune (1867), la Correspondance Mexicaine (1879), L’Écho du Mexique (1882) et Le Courrier Français (1896).

Je voudrais souligner ici une nouvelle fois les rapports bilatéraux entre franco - mexicains : « La France du Second Empire avait décidé d’annexer le Mexique à sa sphère d’influence afin de récupérer les sommes dues par les financiers mexicains et de contrer l’influence anglo-saxonne. » 19 19 Serge Gruzinski, Op. Cit., p. 55.

J’ai déjà fait mention de que, bien que nombreuses probablement à cause de la victoire des conservateurs, les publications périodiques en langue française sont pour la plupart de très courte durée. Ce n’est pas uniquement la presse en langue française qui est éphémère, si nous prenons en considération la fin du Second Empire.

Pendant cette décennie 1860-1869, on peut dire que l’offre journalistique en français va beaucoup s’accroître avec L’Estafette des Deux Mondes (1861-1862) ou L’Estafette (1863-1866), fondés par Charles de Barres, ou bien avec le Periódico Oficial del Imperio Mexicano/ Gazette Officielle de L’Empire Mexicain (1863-1864).

Il y a aussi une grande variété dans la liste de noms de directeurs ou fondateurs des neuf journaux en langue française : Etienne Masseras est l’éditeur de L’Ére Nouvelle (1865) ; E. Lefèvre dirige La Tribune (1867-1868) ; P. A. de Thier lance Le Nouvelliste (1867) ; A. Henry dirige La France Libérale (1867-1868) ; E. Gostkowski propose à ses lecteurs L’Opinion Nationale (1869), avec quinze numéros sortis de l’imprimerie de Tomás F. Nave. Pour finir, durant cette décennie, à cause de l’expulsion du pays de Réne Masson pendant le Second Empire, Le Trait d’Union International (1869-1880) est sorti sous la direction d’Antonin Belut.

Un phénomène similaire va se poursuivre durant la décennie suivante, entre 1870 et 1879, avec cinq titres. Trois sont de courte durée : La Patrie (1871), dirigé par A. Inard d’Argence avec neuf numéros sortis de l’imprimerie de José Batiza ; Le Courrier du Mexique - Journal Franco-Mexicain (1874), quotidien de 74 numéros du 17 mars au 13 juin 1874, sous la direction de L. de Balestrier, sorti de la Typographie d’Orellana; et finalement J. A. Labadie est le directeur de Le Courrier d’Europe (1877).

En considérant les données du Padrón de la Municipalidad de México de 1882, il y avait un millier de français inscrits sur un total de 3.718 individus enregistrés en tant qu’étrangers.20 20 Delia Salazar Anaya, « Vivir mirando al exterior. Las colonias extranjeras en 1883-1884 », en Alicia Salmerón y Fernando Aguayo (coord..), « Instantáneas de la ciudad de México: un álbum de 1883-1884, tomo I, México, Instituto Mora, Universidad Autónoma Metropolitana Unidad Cuajimalpa, 2013, p. 282. Le chiffre montre une limitation du numéro possible des lecteurs des publications périodiques en langue française.

Cette liste de journaux français peut difficilement être considérée comme un témoignage d’un processus de concurrence éditoriale en langue française. Il y aura aussi des publications périodiques en langue française d’une duration majeure. C’est le cas de Correspondance Mexicaine (1879-1881), de Charles Flamant, et surtout de Le Courrier Français (1879-1897), fondé par Camille Bourgoing, ancien administrateur du Trait d’Union. À l’égard de cette presse en langue française de la fin du XIXe siècle, le panorama développé par Laurence Coudart conserve toute sa richesse :

(…) il y a un grand contraste entre les premiers journaux créés jusqu’au début des années 1870 et ceux de l’époque porfirienne. Le caractère politique semble dominer ceux de la première génération puisqu’il s’agit de publications plus personnelles, alors que ceux du porfiriato se caractérisent par leur apparente « neutralité » politique et à cause de leur ton sensiblement commercial.21 21 (...) hay un gran contraste entre los primeros periódicos creados hasta principios de los años 1870 y los del porfiriato. El carácter político parece dominar a los de la primera generación que son publicaciones más personales, mientras que los del porfiriato se caracterizan por su « neutralidad » aparente en el campo político y su tono eminentemente comercial. Coudart, Op. Cit., p. 112.

On peut parler également, pendant le Porfiriato, d’un « afrancesamiento » surtout des élites et, aussi, il est possible de constater que le nombre de journaux augmente. En 1849 « en la capital se publicaban sólo diez, siendo Le Trait d’Union el único extranjero; pero en 1891 nuestro diario es uno más de los setenta que aparecen en la ciudad, donde se publican ya una decena de extranjeros »22 22 Coudart, Op. Cit., p. 111. La traduction est de l’auteur. [En 1849 « dans la ville de Mexico il y en avait seulement dix, Le Trait d’Union était le seul étranger; mais en 1891 notre journal fait partie des soixante-dix qui apparaissent à Mexico, où une dizaine de publications étrangères se publient déjà »].

Il faudra poursuivre le développement de ce panorama des publications en langue française au Mexique pendant le XXe siècle. À la veille d’un nouveau siècle, aucune de ces éditions ne menace la place que Le Trait d’Union avait gagnée parmi les lecteurs français et mexicains. En 1896, El Siglo Diez y Nueve, El Monitor Republicano et Le Trait d’Union, c’est-à-dire les grands modèles du journalisme, ferment leurs portes. Le temps du journalisme du XIXe siècle était déjà révolu au moment où L’Écho Français (1902 à 1921), dirigé par A. Papillaud va prendre le relais.23 23 Une activité journalistique que va continuer au XXe siècle. Sofía Noyola Martínez, « La colección de periódicos Lartilleux y sus aportes para la investigación », communication dans la IV Rencontre Internationale Transfopress Mexico 2016, 24 novembre 2016, Universidad Autónoma Metropolitana et l’Institut de Recherches Bibliographiques, Universidad Nacional Autónoma de México: La Collection Lartilleux, du Centre d’études mexicaines et centraméricaines (CEMCA), Centro de Estudios Mexicanos y Centroamericanos, offre des donnés sur la presse française à Mexico à la fin du XIXe et durant le XXe siècle. a) En 1896, l’administration de L’Écho du Mexique reste sous la direction de l’archéologue mexicain Leopoldo Batres. L’équipe de rédaction, dirigée de J.-L. Regagnon, abandonne la publication pour aller fonder une nouvelle, Le Courrier français : journal français de Mexico (1896-1897) : étant dirigé par Regagnon, la publication se considère comme « un journal vraiment français. » b) Le Courrier du Mexique et de l’Europe : journal politique, littéraire et commercial, Ancien Courrier français (1897-1925). Avec J.-L. Regagnon comme directeur, le journal se présente comme la continuation de l’ancien Trait d’Union jusqu’à 1925. La publication annonce l’apparition de la revue bimensuel Le Mexique, avec un « Supplément du Mexique » de décrets, lois et documents mexicains adressés aux entrepreneurs à l’étranger. c) L’Écho français : journal hebdomadaire politique, littéraire et financier est fondé le 26 janvier 1902 par Henri Papillaud. Le 1er janvier 1913, le journal va se nommer L’Écho Français de Mexico jusqu’à 1925. Pendant la Première guerre mondiale, il a été distribué avec un bulletin en espagnol, La Guerra Europea. Sous un autre nom, La Gaceta de la Guerra va apparaître dès le 27 octobre 1914 jusqu’au 22 novembre 1915. En 1915, ce journal fut publié en français et en espagnol. Dès le 9 décembre 1922 il sera accompagné par le supplément hebdomadaire L’Information mexicaine : politique, économique et financière. d) Le Courrier franco-mexicain : organe quotidien des intérêts français au Mexique, sous la direction de Athénosy, apparut en 1925 après la fusion du Courrier du Mexique et de L’Écho Français. e) Le Journal français du Mexique sera publié de 1926 à 1945, avec huit pages consacrées presque exclusivement aux nouvelles franco-européennes et uniquement une page avec des « informations politiques et économiques mexicaines. » En 1939 aparaît une page avec des nouvelles du conflit en Europe, et aussi un supplément hebdomadaire de propagande, la Gaceta de la Guerra, qui va apparaître jusqu’au 28 juillet 1945. Suite à une progressive diminution du numéro de pages publiées et de la période d’apparition ce journal ajoute en 1963, avant de disparaitre, un nouveau sous-titre : organe de langue française au Mexique. En mars 1968 il deviendra une revue bimensuel culturelle et d’actualités sur le Mexique, sous le titre Le Journal français : cahiers de France et du Mexique. Finalement, le 1er janvier 1976 cette publication reprend le titre de Le Journal français, qui va apparaître de 1976 à 1982 sous la direction de Marcel Deloffre. En décembre 1982 sera publié le dernier journal français au Mexique.

Conclusions

Pour mieux comprendre le développement progressif d’une presse francophone au Mexique, il faut parler d’une logique d’expansion de l’édition française dans le monde, laquelle est capable d’adopter des pratiques spécifiques pour mieux répondre aux conditions particulières des marchés nationaux occupés, afin de trouver des nouveaux débouchés pour une production en pleine croissance pendant le XIXe siècle.

Avec les activités du premier éditeur cité, René Masson, nous pouvons mettre en exergue une première branche de l’édition française au Mexique principalement dédiée au commerce du livre. À partir de 1820 va se développer ce que l’on appelle en France la « librairie espagnole », selon la dénomination établie dans les registres déposés par les imprimeurs des éditions en langue espagnole. Pendant le XIXe siècle, les libraires français qui commandent ces ouvrages, produits par l’imprimerie française, vont chercher à développer de nouveaux marchés en Amérique latine. C’est le cas, entre autres, de Masson.24 24 Pour suivre un sujet aussi vaste, Arnulfo Uriel de Santiago Gómez, « Edition et librairie françaises au Mexique au XIXe siècle », Nuevo Mundo Mundos Nuevos [En ligne], Extraits de thèses, mis en ligne le 20 mars 2009, consulté le 11 avril 2016. <http://nuevomundo.revues.org/55686> , DOI 10.4000/nuevomundo.55686.

En ce qui concerne l’histoire de la presse - dans ce cas de la presse francophone publiée à Mexico -, si bien elle peut être étudiée d’une manière isolée, le fait de montrer ici quelques exemples des rapports entre des éditeurs du livre et des journaux dans la ville de Mexico peut ouvrir une nouvelle perspective qui donne des pistes supplémentaires pour continuer la recherche.

On peut voir la stratégie suivie par les libraires - qui ont imprimé en France et ont envoyé leur production en Amérique, dans ce cas - et par les journalistes qui ont décidé d’imprimer localement.

Ces deux trajectoires initialement différentes, l’édition de livres et des journaux, peuvent permettre de rendre visible qu’il y a aussi eu des stratégies complémentaires au moins dans le cas du commerce des imprimés à Mexico : des annonces publicitaires de vente d’ouvrages publiés dans les journaux; la publication de textes littéraires sous la forme de feuilletons; les activités d’un autre acteur, les agences; l’offre de collections de livres pour des lecteurs des publications périodiques.

Tableau 1.
Presse étrangère au Mexique : années de publication 1837-1870
Tableau 2
Presse étrangère au Mexique : années de publication 1870-1900

Cette perspective théorique peut se révéler productive, et pourtant apporter et rendre possible un regard plus vaste capable de mieux répondre à la logique de l’édition en générale. Nous pourrions envisager qu’il y a eu une influence mutuelle entre le nouveau milieu d’accueil et les pratiques de ces rédacteurs directement mêlés à la politique et à la communication de cette période. Mais cette question reste ouverte à une recherche plus approfondie du contenu de ces publications. Il reste à suivre attentivement la lecture des pages de ces journaux en langue étrangère pour trouver des exemples de processus de « transfert culturel ». Comme signale Michel Espagne :

Tout passage d’un objet culturel d’un contexte dans un autre a pour conséquence une transformation de son sens, une dynamique de resémantisation, qu’on ne peut pleinement reconnaître qu’en tenant compte des vecteurs historiques du passage. On peut donc dire d’emblée que la recherche sur les transferts culturels concerne la plupart des sciences humaines même si elle s’est développée à partir d’un certain nombre de points d’ancrage précis. (…) Transférer, ce n’est pas transporter, mais plutôt métamorphoser (…). C’est moins la circulation des biens culturels que leur réinterprétation qui est en jeu.25 25 Michel Espagne, « Le transfert culturel », https://journals.openedition.org/rsl/219. Consulté le 19 avril 2019.

En prenant en compte les intérêts économiques mis en jeu, la motivation qui a pu conduire les libraires et journalistes de chaque pays à établir des rapports entre eux est claire, rapports que nous pouvons suivre au même temps entre l’édition des livres et des journaux en parlant de la presse francophone au Mexique comme une preuve évidente des processus de mondialisation de l’édition.

Jusqu’ici on a traité des aspects communs des activités des libraires et des journalistes, mais il y a sûrement des différences qu’il faut prendre en compte. Dans le cas de l’édition des journaux en langue française, les éditeurs ont pris la décision d’imprimer localement. D’un autre côté, le travail des ouvriers d’origine étrangère ou mexicains dans les ateliers dédiés à ce type de publications est un sujet de recherche très intéressant, bien que difficile à documenter.

Les sources pour ce type de recherche restent ouvertes, puisque il y a eu une présence significative de publications en langue française au Mexique : dès 1848 jusqu’à la fin du siècle vont se développer 19 publications. Il s’agit, pour la plupart, d’éditions de très courte durée. Quatorze ont été publiées pendant une période de vingt ans, entre 1860 et 1880 : neuf dans les années 1860, et cinq dans la décennie suivante. Sans oublier les cinq qui vont paraître entre 1881 et 1890 et qui viennent compléter la liste des 19. Étant donnée le niveau d’importance que les rapports franco-mexicains ont continué à développer dans les dernières années du Porfiriato, il est facile d’envisager que l’édition francophone a continué au Mexique pendant le XXe siècle.

Références

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RÉPERTOIRE DES SOURCES À LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE DU MEXIQUE26 26 Liste élaborée à partir de l’inventaire des publications périodiques de la Réserve, Fondo Reservado de la Hemeroteca Nacional de Mèxico et la consultation d’autres ouvrages). Ils sont énumérés dans : Castro, Miguel Ángel y Guadalupe Curiel (coord.), Publicaciones periódicas mexicanas del siglo 1822-1855. Fondo Antiguo de la Hemeroteca Nacional y Fondo Reservado de la Biblioteca Nacional de México (Colección Lafragua), México, Universidad Nacional Autónoma de México, Instituto de Investigaciones Bibliográficas, 2000, 666 p.; Castro, Miguel Ángel y Guadalupe Curiel (coord.),, Publicaciones periódicas mexicanas 1856-1876 (Parte I) Fondo Antiguo de la Hemeroteca Nacional de México, México, Universidad Nacional Autónoma de México, Instituto de Investigaciones Bibliográficas, 2003, 647 p. Journaux des immigrants français publiés à Mexico en langue française au XIXe siècle

  • Le Courrier du Mexique (1838) misc. 85.
  • Le Courrier du Mexique (1874).
  • Le Courrier du Mexique (1898-1922).
  • Le Courrier d’Europe (1877).
  • Le Courrier Français (1879-1897) L’Écho du Mexique (1892-1897) L’Écho Français (1902-1921).
  • L’Ere Nouvelle (1865).
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  • La France Libérale (1867-1868), avec Mexican Standard, L’Opinion Nationale (1869), misc. 62 y 63.
  • La Patrie (1871), misc. 110 y 134.
  • Periódico Oficial del Imperio Mexicano/Gazette Officielle de L’Empire Mexicain (186-864).
  • Le Trait d’Union (1862-1880).
  • Le Trait d’Union International (1869-1880).

Notes

  • 1
    Jacques Michon, « Introduction », Les mutations du livre et de l’édition dans le monde du XVIIIe siècle à l’an 2000, Québec, Presses de l’Université Laval/ L’Harmattan, 2001, p. 12. (Actes du Colloque international Sherbrooke 2000).
  • 2
    « Appel. Réseau transnational pour l’étude de la presse em langues étrangères (XVIII° - XX° siècle) » Diana Cooper-Richet, Michel Rapoport, Centre d’Histoire Culturelle des Sociétés Contemporaines de l’Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines. http://www.chcsc.uvsq.fr/centre-d-histoire-culturelle-des-societes-contemporaines/langue-fr/les-relations-internationales/transfopress-264981.kjsp. Consulté le 18 avril 2019COOPER-RICHET, Diana; RAPORT, Michel. « Appel. Réseau transnational pour l’étude de la presse en langues étrangères (XVIIIe-XXe siècle), » Centre d’Histoire Culturelle des Sociétés Contemporaines de l’Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines. http://www.chcsc.uvsq.fr/centre-d-histoire-culturelle-des-societes-contemporaines/langue-fr/les-relations-internationales/transfopress-264981.kjsp
    http://www.chcsc.uvsq.fr/centre-d-histoi...
    .
  • 3
    Catalogo de la Librería de Bossange (Padre) Antoran y Cia., Mégico 1825CATALOGO DE LA LIBRERÍA DE BOSSANGE (PADRE) ANTORAN Y CIA., Mégico 1825. (BNF m.21429/ 8º Q10.B), p. 33. Bibliothèque nationale de France (BNF m.21429 / 8º Q10.B).
  • 4
    Le Moniteur universel. Bibliothèque nationale de France, <http://www.bnf.data.fr>.
  • 5
    Jean-Dominique Mellot et Élisabeth Queval, Répertoire d’imprimeurs/libraires (vers 1500-vers 1810), Paris, Bibliothèque nationale de France, 2004MELLOT, Jean-Dominique; QUEVAL, Élisabeth. Répertoire d’imprimeurs/libraires (vers 1500 - vers 1810), Paris, Bibliothèque nationale de France, 2004., p. 390.
  • 6
    Aline Vauchelle, Les Ouvrages en langue espagnole publiés en France au temps de la première guerre carliste, 1834-1840, Aix-en-Provence, Publications de l’Université de Provence, 2003VAUCHELLE, Aline. Les Ouvrages en langue espagnole publiés en France au temps de la première guerre carliste, 1834-1840, Aix-en-Provence, Publications de l’Université de Provence, 2003., p. 30.
  • 7
    Laurence Coudart, « Periódicos franceses de la Ciudad de México : 1837-1911 », en Javier Pérez Siller, coord., México Francia. Memoria de una sensibilidad común. Siglos XIX-XX, México, Benemérita Universidad Autónoma de Puebla / El Colegio de San Luis / Centro Francés de Estudios Mexicanos y Centroamericanos, 1998COUDART, Laurence. « Periódicos franceses de la Ciudad de México: 1837-1911 », en Pérez Siller, Javier (coord.), México-Francia. Memoria de una sensibilidad común, siglos XIX - XX, México, Benemérita Universidad Autónoma de Puebla, El Colegio de San Luis, Centro Francés de Estudios Mexicanos y Centroamericanos, 1998, p. 103-141. http://books.openedition.org/cemca/4073.
    http://books.openedition.org/cemca/4073...
    , p. 104. http://books.openedition.org/cemca/4073. La traduction est de l’auteur.
  • 8
    Françoise Dasques, (sélection et prologue), René Masson dans le Trait d’Union. Journal francais universel, Présentation de Thomas Calvo, México, Universidad Nacional Autónoma de México, Instituto de Investigaciones Bibliográficas, Centre Français d’Études Mexicaines et Centraméricaines, 1998DASQUES, Françoise (sélection et prologue). René Masson dans le Trait d’Union. Journal francais universel, Présentation de Thomas Calvo, México, Universidad Nacional Autónoma de México, Instituto de Investigaciones Bibliográficas, Centre Français d’Études Mexicaines et Centraméricaines, 1998., p. 36.
  • 9
    Jacqueline Covo-Maurice, « Un grand journaliste français au Mexique au XIXe siècle: René Masson et Le Trait d’Union », revue Caravelle, vol. 78, nº 1, Toulouse, Presses Universitaires du Mirail, 2002COVO-MAURICE, Jacqueline. « Un grand journaliste français au Mexique au XIXe siècle : René Masson et Le Trait d’Union, » Caravelle, n° 78 (juin 2002), Toulouse, Presses Universitaires du Mirail, p. 105-125. https://halshs.archives-ouvertes.fr/file/index/docid/108726/filename/Rene_Masson.pdf
    https://halshs.archives-ouvertes.fr/file...
    , p. 109
  • 10
    « Le Trait d’Union », Le Trait d’Union. Journal français universel, Numéro 27.- Vol. 17, Mexico, mardi 2 juin 1857, p. 1. Nous avons laissé l’orthographie originale de l’article journalistique.
  • 11
    Serge Gruzinski, Histoire de Mexico, Paris, Fayard, 1996GRUZINSKI, Serge. Histoire de Mexico, Paris, Fayard, 1996., p. 54-56.
  • 12
    Jean-Yves Mollier, L’argent et les lettres. Histoire du capitalisme d’édition, 1880-1920, Paris, Fayard, 1988MOLLIER, Jean-Yves. L’argent et les lettres. Histoire du capitalisme d’édition, 1880-1920, Paris, Fayard, 1988..
  • 13
    Libreros y periodistas frecuentan varias asociaciones donde deliberan con comerciantes, industriales y financieros franceses, como son los casos de Ernesto Pugibet, o de algunos de los poderosos barcelonnettes como Léon Signoret o los hermanos Tron. (Ernest Pugibet fundador de la fábrica de cigarros « El Buen Tono » (1875) y promotor con A. Génin y H. Tron) (…) En fin, el mundo de la prensa francesa en México, que en realidad es muy reducido - los cuerpos de redacción de los diversos periódicos son muchas veces intercambiables, así como los fundadores - , es inseparable del grupo de comerciantes y financieros de la colonia francesa y, sin duda alguna, está estrechamente ligado a su élite; tanto en realidad, que la pregunta es saber quién complementa a quién. Coudart, Op. Cit., p. 117. La traduction est de l’auteur.
  • 14
    Dasques, Op. Cit., p. 47-50.
  • 15
    (...) los libreros franceses de la ciudad de México a veces dirigen « salones de lectura », y algunos de ellos publican también almanaques. Intermediarios entre los periódicos y los lectores, tanto en el territorio mexicano como en Francia, esos libreros también están estrechamente ligados a la producción editorial mexicana o a los extranjeros radicados en México. Coudart, Op. Cit., p. 115. La traduction est de l’auteur.
  • 16
    Directorio del comercio del Imperio Mexicano para el año de 1867, publicado por Eugenio Maillefert, segundo año, México, E. Maillefert, Calle de Tiburcio, 2. París, Firmin Marchand, 26, Rue Richer. En su antepenúltima página impresa, sin numerar: « Paris. - Typ. Hispano-Americana. Rouge frères, Dumont et Fresné, calle de Four-St.-Germain, 43 ». En su última página : « IMPORTANTE Con ventajas inmensas la casa FIRMIN MARCHAND se ocupará, desde 1.º de Enero de 1867, de la venta de toda clase de libros españoles. En relación directa con las mejores casas de España y Francia, podemos ofrecer una economía en los precios desconocidos hasta ahora, como también elegancia en las encuadernaciones y actividad en los envios. (…) … nuestro surtido se compondrá de Obras de educacion, científicas, Diccionarios para todos los idiomas; Economia política, Jurisprudencia y Legislacion, Derecho; obras de Medicina, Alopática y Homeopática, Cirugía, Anatomía, Fisiolojía y Farmacia; Física y Química. - Surtido completo de obras de Recreo, Novelas, Literatura y Poesías; obras de Artes; Religion y Moral; Historia, Arquitectura, Bellas Artes y Mecánica. - Libros de lujo para premios; Devocionarios y Semana Santa, con encuadernación al alcance de todas las fortunas. Todas las obras que anuncie la casa serán de lo mas moderno. Repetimos que el catálogo lo enviaremos gratis al punto que se nos indique. »
  • 17
    Almanaque Bouret para el año 1897. Formado bajo la dirección de Raúl Millé y Alberto Leduc, Librería de la Vda. De C. Bouret, 14, Cinco de Mayo, 14, México. En su página 338: « París, Imprenta de la Vª de Ch. Bouret. »
  • 18
    Coudart, Op. Cit., p. 116.
  • 19
    Serge Gruzinski, Op. Cit., p. 55.
  • 20
    Delia Salazar Anaya, « Vivir mirando al exterior. Las colonias extranjeras en 1883-1884 », en Alicia Salmerón y Fernando Aguayo (coord..), « Instantáneas de la ciudad de México: un álbum de 1883-1884, tomo I, México, Instituto Mora, Universidad Autónoma Metropolitana Unidad Cuajimalpa, 2013SALAZAR ANAYA, Delia. « Vivir mirando al exterior. Las colonias extranjeras en 1883-1884 », en Alicia Salmerón y Fernando Aguayo (coord..), « Instantáneas de la ciudad de México: un álbum de 1883-1884, tomo I, México, Instituto Mora, Universidad Autónoma Metropolitana Unidad Cuajimalpa, 2013., p. 282.
  • 21
    (...) hay un gran contraste entre los primeros periódicos creados hasta principios de los años 1870 y los del porfiriato. El carácter político parece dominar a los de la primera generación que son publicaciones más personales, mientras que los del porfiriato se caracterizan por su « neutralidad » aparente en el campo político y su tono eminentemente comercial. Coudart, Op. Cit., p. 112.
  • 22
    Coudart, Op. Cit., p. 111. La traduction est de l’auteur.
  • 23
    Une activité journalistique que va continuer au XXe siècle. Sofía Noyola Martínez, « La colección de periódicos Lartilleux y sus aportes para la investigación », communication dans la IV Rencontre Internationale Transfopress Mexico 2016, 24 novembre 2016, Universidad Autónoma Metropolitana et l’Institut de Recherches Bibliographiques, Universidad Nacional Autónoma de México: La Collection Lartilleux, du Centre d’études mexicaines et centraméricaines (CEMCA), Centro de Estudios Mexicanos y Centroamericanos, offre des donnés sur la presse française à Mexico à la fin du XIXe et durant le XXe siècle. a) En 1896, l’administration de L’Écho du Mexique reste sous la direction de l’archéologue mexicain Leopoldo Batres. L’équipe de rédaction, dirigée de J.-L. Regagnon, abandonne la publication pour aller fonder une nouvelle, Le Courrier français : journal français de Mexico (1896-1897) : étant dirigé par Regagnon, la publication se considère comme « un journal vraiment français. » b) Le Courrier du Mexique et de l’Europe : journal politique, littéraire et commercial, Ancien Courrier français (1897-1925). Avec J.-L. Regagnon comme directeur, le journal se présente comme la continuation de l’ancien Trait d’Union jusqu’à 1925. La publication annonce l’apparition de la revue bimensuel Le Mexique, avec un « Supplément du Mexique » de décrets, lois et documents mexicains adressés aux entrepreneurs à l’étranger. c) L’Écho français : journal hebdomadaire politique, littéraire et financier est fondé le 26 janvier 1902 par Henri Papillaud. Le 1er janvier 1913, le journal va se nommer L’Écho Français de Mexico jusqu’à 1925. Pendant la Première guerre mondiale, il a été distribué avec un bulletin en espagnol, La Guerra Europea. Sous un autre nom, La Gaceta de la Guerra va apparaître dès le 27 octobre 1914 jusqu’au 22 novembre 1915. En 1915, ce journal fut publié en français et en espagnol. Dès le 9 décembre 1922 il sera accompagné par le supplément hebdomadaire L’Information mexicaine : politique, économique et financière. d) Le Courrier franco-mexicain : organe quotidien des intérêts français au Mexique, sous la direction de Athénosy, apparut en 1925 après la fusion du Courrier du Mexique et de L’Écho Français. e) Le Journal français du Mexique sera publié de 1926 à 1945, avec huit pages consacrées presque exclusivement aux nouvelles franco-européennes et uniquement une page avec des « informations politiques et économiques mexicaines. » En 1939 aparaît une page avec des nouvelles du conflit en Europe, et aussi un supplément hebdomadaire de propagande, la Gaceta de la Guerra, qui va apparaître jusqu’au 28 juillet 1945. Suite à une progressive diminution du numéro de pages publiées et de la période d’apparition ce journal ajoute en 1963, avant de disparaitre, un nouveau sous-titre : organe de langue française au Mexique. En mars 1968 il deviendra une revue bimensuel culturelle et d’actualités sur le Mexique, sous le titre Le Journal français : cahiers de France et du Mexique. Finalement, le 1er janvier 1976 cette publication reprend le titre de Le Journal français, qui va apparaître de 1976 à 1982 sous la direction de Marcel Deloffre. En décembre 1982 sera publié le dernier journal français au Mexique.
  • 24
    Pour suivre un sujet aussi vaste, Arnulfo Uriel de Santiago Gómez, « Edition et librairie françaises au Mexique au XIXe siècle », Nuevo Mundo Mundos Nuevos [En ligne], Extraits de thèses, mis en ligne le 20 mars 2009, consulté le 11 avril 2016. <http://nuevomundo.revues.org/55686> , DOI 10.4000/nuevomundo.55686.
  • 25
    Michel Espagne, « Le transfert culturel », https://journals.openedition.org/rsl/219. Consulté le 19 avril 2019.
  • 26
    Liste élaborée à partir de l’inventaire des publications périodiques de la Réserve, Fondo Reservado de la Hemeroteca Nacional de Mèxico et la consultation d’autres ouvrages). Ils sont énumérés dans : Castro, Miguel Ángel y Guadalupe Curiel (coord.), Publicaciones periódicas mexicanas del siglo 1822-1855. Fondo Antiguo de la Hemeroteca Nacional y Fondo Reservado de la Biblioteca Nacional de México (Colección Lafragua), México, Universidad Nacional Autónoma de México, Instituto de Investigaciones Bibliográficas, 2000, 666 p.; Castro, Miguel Ángel y Guadalupe Curiel (coord.),, Publicaciones periódicas mexicanas 1856-1876 (Parte I) Fondo Antiguo de la Hemeroteca Nacional de México, México, Universidad Nacional Autónoma de México, Instituto de Investigaciones Bibliográficas, 2003CASTRO, Miguel Ángel; CURIEL, Guadalupe (coord. ). Publicaciones periódicas mexicanas 1856-1876 (Parte I) Fondo Antiguo de la Hemeroteca Nacional de México, México, Universidad Nacional Autónoma de México, Instituto de Investigaciones Bibliográficas, 2003, 647 p., 647 p.

Publication Dates

  • Publication in this collection
    9 Sept 2019
  • Date of issue
    2019

History

  • Received
    05 July 2018
  • Accepted
    21 Mar 2019
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