L'article propose une comparaison entre les systèmes politiques au Brésil, en Argentine et au Chili. Il tient compte des aspects historiques distincts de la formation des classes sociales et de ses expressions politiques dans les trois pays, notamment de l'influence de l'immigration. Rappelons qu'en Argentine l'énorme quantité d'immigrants - particulièrement des européens, sans citoyenneté (ce qui représente jusqu'à 70% de la bourgeoisie urbaine et du prolétariat qualifié) - a empêché la formation d'un parti libéral de poids et, par conséquent, d'une forçe de droite moderne, ce qui a également affaibli les alternatives socio-démocrates et socialistes. Au Chili, la classe ouvrière et l'ensemble de la population, malgré la significative présence étrangère, s'est conservée plus homogène et nationale. Au Brésil, l'abondance de main d'oeuvre bon marché a difficulté, depuis le début du XXe siècle, la formation d'un parti socialiste ou d'une coupure radicale, ce qui, par contre, a eu lieu en Argentine et au Chili. Postérieurement, le varguisme a eu un fort appel populaire mais, cependant, concentré dans les zones urbaines. La classe ouvrière, constituée au cours de l'industrialisation du Brésil, provenait de la campagne et manquait de mémoire historique, étant, ainsi, prête à de nouvelles expériences, comme celle du Parti des Travailleurs, le PT. En Argentine, par contre, l'étanchement industriel a fait que sa classe ouvrière actuelle se soit maintenue très semblable à celle des débuts du péronisme, favorisant, de ce fait, la persistance de cette expression politique.
socialisme; péronisme; varguisme; libéralisme; immigration