Malgré le nombre important de travaux sociologiques sur le racisme, ses origines, ses dynamiques et ses conséquences sociales, il n’existe pas une définition de ce mot qui soit un minimum opérationnelle. Outre son fort poids politique et les contenus que l’expression recouvre d’un point de vue historique et contextuel, il existe un grand désaccord à propos de l’identification des dimensions sociales qui y sont liées. Et pourtant, le racisme est défini : 1) comme une doctrine, une idéologie ou un ensemble d’idéaux ; 2) comme un ensemble d’attitudes, de pratiques et de comportements plus ou moins irrefléchis ; 3) en tant que propriété de structures sociales, de systèmes ou d’institutions. Cet article suggère que de telles divergences naissent à partir de perspectives partielles sur le social, et que les recherches empiriques sur le racisme ont beaucoup à gagner avec une intégration analytique de dimension idéologique, pratique et structurelle. Pour que l’on ne perde pas de vue la complexité du phénomène et, en particulier, les politiques publiques existantes en vue de l’atténuer, il est nécessaire d’intégrer ces trois dimensions sans toutefois les diluer analytiquement ; autrement dit, sans prioriser aucune d’entre elles à l’égard de l’autre. D’où l’utilité d’une définition réaliste critique du racisme comme un phénomène tridimensionel.
Racisme; Prejugé; Discrimination; Réalisme critique