Les études afro-américaines, ainsi dénommées et pratiquées aux États-Unis, seraient-elles un instrument d'impérialisme culturel? Les débats sur les races, les inégalités ou l'oppression raciale dans d'autres sociétés, lorsqu'ils proviennent de Nord-américains, doivent-ils être considérés comme des "brutales intrusions ethnocentriques"? Ces questions se trouvent dans la forte polémique déclenchée par deux sociologues français, Pierre Bourdieu et Loïc Wacquant, dans leur article de 1999 "Sur les Ruses e la Raison Impérialiste". Ces auteurs y invoquent le récent dialogue transnational sur la question raciale au Brésil tout en dénonçant "la contrainte" d'une "tradition américaine", "modèle" et "dichotomie" raciale au Brésil. Ils s'attaquent, en particulier, à une monographie - qu'ils considèrent comme un "poison ethnocentrique" - écrite en 1994 par Michael Hanchard sur les mouvements brésiliens sur la question noire Orfeu e o Poder: O movimento negro do Rio de Janeiro e São Paulo, Brasil, 1945-1988. On décortique ici la conception erronée que Bourdieu et Wacquant présentent sur l'actuel dialogue Brésil-États-Unis au sujet de la diaspora africaine dans le Nouveau Monde. On cherche à identifier leurs principaux faux pas et erreurs de jugement, tout en critiquant le modèle trop schématique de la circulation intellectuelle proposée par les deux auteurs. Après avoir montré leur vision tout à fait fausse de l'article de Hanchard, on présente une discussion sur le récent foisonnement de publications chez des auteurs aussi bien brésiliens que nord-américains touchant les questions de race, couleur de peau et nation au Brésil, d'après une perspective de la diaspora.
anti-impérialisme; dialogue Brésil-États-Unis; race; inégalité raciale; oppression raciale; Pierre Bourdieu; Loïc Wacquant; Michael Hanchard